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Météo en Guyane

21 février 2015 6 21 /02 /février /2015 16:59

Ce monument de plus de 5 mètres de haut dénommé "Les marrons de la Liberté" a été inauguré le 10 juin 2008 par le président du Conseil régional de Guyane Antoine Karam.

Il est l'œuvre de Lobie Cognac, artiste guyanais plasticien et peintre résidant à Macouria, qui l'a réalisé en Chine. Une autre de ses œuvres est exposée de manière permanente dans le parc d'exposition de Changchun en Chine dans le cadre du 7ième symposium international sur la sculpture en 2004.

Lobie Cognac avait été le lauréat d'un appel d'offre de la Région Guyane en 2006 dans le cadre de la réalisation d'un monument commémoratif à l'occasion du 160e anniversaire de l'abolition définitive de l'esclavage. Cette statue est intitulée "Fiiman" qui signifie "Homme libre" en bushi-tongo, l'une des langues parlées par les Bushiningués (hommes de la forêt).

Le monument représente un couple résistant à l'oppression, tous les deux en tenue d'abattis (de travail), avec une femme, un pagne autour des reins, lâchant un oiseau, et un homme avec les bras et poings levés, brisant ses chaînes. Des motifs propres à l'art Tembé et autres signes amérindiens sont apposés sur les plaques de granit qui entourent les quatre côtés du socle soutenant la statue.

Ce monument commémoratif est érigé en plein milieu du rond-point Adélaïde Tablon sur la commune de Remire-Montjoly en Guyane.

Statue des Marrons de la liberté, rond-point Adélaïde Tablon à Remire-Montjoly (Guyane)

Cette statue rend hommage aux esclaves qui entrèrent en lutte contre l'exploitation négrière. La première manifestation de cette lutte contre l'esclavage fut le marronnage. Il s'agissait alors de s'enfuir des habitations pour fuir dans la forêt où les ex-esclaves se réunissaient et fondaient des petites communautés clandestines d'hommes libres sachant qu'ils étaient durement pourchassés.

Cette expression s'applique aux esclaves fugitifs d'Amérique du Sud, de la Caraïbe mais aussi de l'océan indien (Île de la Réunion, île Maurice et Rodrigue). Ces fugitifs étaient alors appelés "marrons" ou "negs marrons". Le terme "marron" vient de l'espagnol "Cimarron" qui signifie "vivant sur les cimes" et qui a été emprunté aux amérindiens Arawaks. Dès le XVIe siècle, ce terme "marron" désigne les esclaves fugitifs.

Au Suriname mais aussi en Guyane, on retrouve ces groupes de "marrons", descendants d'esclaves qui se sont enfuis des plantations, et parfois négociés les conditions de leur liberté et ce, dès le XVIIe siècle notamment au Suriname. On retrouve ces communautés tout le long du fleuve Maroni, du côté Surinamien comme du côté français.

Ces Bushinengués de Guyane sont constitués de sous-groupes appelés Bonis (ou Alukus), Saramacas, Paramacas, ou encore Djukas. Ils ne se sont pas assimilés avec les autres populations de Guyane ou du Suriname et ont créé leur propre coutume issue de leurs diverses origines ethniques africaines et développé aussi leur propre langue.

Statue des Marrons de la liberté, rond-point Adélaïde Tablon à Remire-Montjoly (Guyane)

Le Code Noir, a priori établi à l'origine pour freiner les abus des maîtres à l'égard de leurs esclaves, n'a eu pour effet que de codifier l'esclavage et la traite des noirs. L'esclave noir n'était considéré que comme un bien meuble soumis aux lois du marché et faisant partie intégrante des habitations esclavagistes.

Il y a eu deux versions du Code noir. La première a été rédigée par le ministre Colbert et promulguée en mars 1685 par Louis XIV. La seconde version fut promulguée en mars 1724 par Louis XV. Quelques articles du Code noir de 1685 n'ont pas été repris dans la seconde version.

Victor Schoelcher, l'abolitionniste, écrivait dans son ouvrage édité en 1842 intitulé Des colonies françaises : abolition immédiate de l'esclavage" : "Il y eut des marrons dès qu'il y eut des esclaves". Il précise dans ce même ouvrage que l'Edit de 1685, connu sous le nom de Code noir, régla la pénalité du marronnage : "Le nègre, marron pendant un mois, aura les oreilles coupées, et sera marqué d'une fleur de lys sur l'épaule gauche ; s'il récidive, il aura le jarret coupé et sera marqué sur l'autre épaule ; enfin, la troisième fois, il sera puni de mort." Victor Schoelcher reprend là l'article 38 du code noir de 1685 sur le marronnage.

Rappelons qu'en Guyane, l'arrêté promulguant le décret abolissant l'esclavage a été signé le 10 juin 1848 par le gouverneur Pariset, mais avec effet deux mois plus tard, soit le 10 août 1848.

Statue des Marrons de la liberté, rond-point Adélaïde Tablon à Remire-Montjoly (Guyane)

Christiane Taubira, députée de la 1ière circonscription de Guyane, est à l'origine de la loi nº 2001-434 du 21 mai 2001 qui reconnaît comme crimes contre l'humanité les traites et les esclavages pratiqués à partir du XVe siècle sur certaines populations. Cette loi mémorielle est appelée la loi Taubira.

Son article 1er dispose :"La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité."

Suite à cette loi, et avec le support du Comité pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, le Président de la République (Jacques Chirac) a annoncé le 30 janvier 2005 la création d'une journée annuelle de la mémoire de l'esclavage, qui a été fixée au 10 mai, date de l'adoption de la loi Taubira par le Sénat.

En Guyane, l'abolition de l'esclavage est commémorée tous les 10 juin, date de la signature de l'arrêté promulguant le décret abolissant l'esclavage.

Statue des Marrons de la liberté, rond-point Adélaïde Tablon à Remire-Montjoly (Guyane)Statue des Marrons de la liberté, rond-point Adélaïde Tablon à Remire-Montjoly (Guyane)

Source :

Livret réalisé par la Région Guyane édité en juin 2009 sur le marronnage ou la résistance à l'esclavage.

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