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  • : Marie-Odile et Philippe
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Météo en Guyane

25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 06:47

Après avoir déjà rédigé sur ce blog un article sur l'artiste bagnard Louis Grilly, et un autre sur Casimir Prénéfato, c'est à la vie de Valentin Pourcillot, sans-doute l'un des plus doués de ces peintres bagnards avec Francis Lagrange, que nous allons aujourd'hui nous intéresser. Ses tableaux reproduisent, avec précision et réalisme dans des couleurs parfois vives et d'autres plus douces, des scènes de la vie du bagne aussi bien à Saint-Laurent-du-Maroni qu'à Saint-Jean. On ne connaît pas toutes ses œuvres car, comme les autres artistes du bagne, et pour améliorer son ordinaire, il a vendu ses tableaux en Guyane (surveillants, personnels pénitentiaires, civils).

Rappelons que l'histoire du bagne en France commence en 1748 avec la création du premier bagne à Toulon, pour se terminer en 1953 avec le rapatriement des derniers bagnards de Guyane. 

Origine familiale de Valentin Ludovic Pourcillot

Né le 6 septembre 1892 à Toulouse au domicile de ses parents au n° 3 de la rue Thionville,  Valentin Ludovic Pourcillot est le fils de Firmin Joseph, employé, alors âgé de 24 ans lors de sa naissance et de Anna Emilie Adèle Cornet, règleuse, âgée de 20 ans. Firmin, père de Valentin, naît le 5 août 1868 à Toulouse sous le nom de famille de Barat. En effet son père Joseph Pourcillot, sans profession, ne reconnaîtra son fils Firmin que lors de son mariage le 25 janvier 1869 à Toulouse avec sa mère, la demoiselle Isabelle Barat, domestique.

Anna Cornet, mère de Valentin, voit le jour le 26 novembre 1872 à Nantes (alors Loire-Inférieure, aujourd'hui Loire-Atlantique), fille naturelle de Jacqueline Adèle Cornet, célibataire, lingère, âgée de 18 ans. Le couple Firmin Pourcillot et Anna Cornet, parents de Valentin, se mariera le 3 octobre 1891 à Toulouse.

Firmin Joseph Pourcillot, père de Valentin, décèdera prématurément à l'âge de 39 ans le 16 septembre 1907 à Toulouse. Sa veuve Anna Pourcillot née Cornet, mère de Valentin, se remariera huit ans plus tard le 26 août 1915 à Toulon avec Albert Jean Montant. Elle décèdera à Cadillac (Gironde) le 27 juillet 1957.

Ayant grandi dans une famille modeste mais a priori sans histoire, Il semble que la mort de son père ait eu un impact important sur son comportement. Ce n'est en effet que quelques mois plus tard que le jeune Valentin Pourcillot commettra son premier méfait, pour ne plus jamais s'arrêter. 

 

 "Saint-Laurent-du-Maroni, Jour de courrier, 1934". 

De la maison de correction au 3e Bataillon d'Afrique

Le 25 juillet 1908 à Angers, il sera condamné par le tribunal correctionnel à 25 francs d'amende pour contravention à la police des chemins de fer. Quelques mois après, le 4 décembre 1908, il comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour vol d'une montre.  Âgé de 16 ans, sans domicile fixe, Valentin Pourcillot fut effectivement accusé du vol d'une petite montre de dame en or, qui appartenait au patron de la barque le Tarn, en stationnement sur le canal du midi au port fluvial de Saint-Sauveur.

Le patron ne revit plus sa montre le 2 novembre au soir, et ne revit plus non plus le jeune Pourcillot. "En vertu de la loi des phénomènes concomittants" (sic), le tribunal l'a condamné à être enfermé jusqu'à l'âge de 18 ans dans une maison de correction. Lors de l'audience en appel le 6 janvier 1909, la Cour confirmera la sanction mais décidera que l'internement se prolongera jusqu'à ses 20 ans.

Finalement, et sans-doute pour s'en sortir, Valentin Pourcillot s'engagera dans l'armée le 21 avril 1911 à la mairie de Toulon pour une durée de quatre ans. Lors de son engagement, il déclare être musicien et son niveau d'instruction est classé 3, ce qui veut dire qu'il sait lire, écrire et compter. Incorporé au 14e Régiment d'infanterie le 24 avril, il sera plus tard transféré par mesure disciplinaire au 83e Régiment d'infanterie à Saint-Gaudens où il arrivera le 21 septembre 1911. Manquant à l'appel dès le 21 septembre, il est déclaré déserteur le 28 septembre.

"Sur les conseils de sa mère" déclara son avocat lors de son procès militaire, il se présentera volontairement aux autorités à Toulon le 5 novembre 1911 et sera condamné le 10 janvier 1912 par le Conseil de guerre de la 17e Région à 3 mois de prison pour désertion à l'intérieur en temps de paix (Circonstances atténuantes admises). Le 6 février, il sera affecté au 9e Régiment  d'infanterie à Agen. Accusé de vol d'un porte-monnaie appartenant à l'un de ses camarades pendant la baignade le 20 juillet 1912 et d'un bris de clôture en voulant s'évader, il sera condamné par le Conseil de guerre à un an de prison.

Gracié du restant de sa peine le 2 mai 1913, il est affecté en Afrique du Nord au 4e Bataillon d'Afrique à compter du 25 mai comme chasseur de 2ème classe. Quelques mois plus tard, une nouvelle mutation disciplinaire l'expédie le 19 juillet 1913 au 3e Bataillon d'Afrique.

Ces bataillons d'Afrique, composés de soldats ayant de lourds casiers judiciaires, entretenaient à l'époque une discipline de fer dans le but de mater les fortes têtes et de casser les durs à cuire.

 

 "Saint-Jean-du-Maroni, 1934"

Du pénitencier de Douéra (Algérie) au pénitencier de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane)

Loin de le calmer, ce régime endurcira encore davantage le soldat Pourcillot. Il sera une nouvelle fois condamné par le Conseil de guerre dans sa séance du 19 février 1915 à deux ans de prison pour refus d'obéissance. Il sera écroué le 24 mars 1915 au pénitencier militaire de Douéra (petit village à 18 km d'Alger) où il réussira à obtenir une remise de peine de trois mois. Manquant à l'appel le 17 août 1916, il est déclaré déserteur le 20 août et sera ramené au régiment sous escorte de la gendarmerie.

Le 31 août 1918, il s'échappera de l'hôpital de Fort de l'Empereur à Alger et sera déclaré déserteur le 3 septembre 1918. Condamné le 15 octobre 1918, il s'évadera de la prison annexe de la Bouzareah à Alger dans la nuit du 20 octobre, et sera à nouveau déclaré déserteur le 23 octobre 1918. Repris et détenu, il s'échappe dans la nuit du 3 au 4 avril 1919 de l'hôpital Maillot d'Alger où il était en traitement. Il sera interpellé une vingtaine de jours plus tard par les agents de la Sûreté d'Alger. 

On le retrouve à Toulouse le 19 février 1920 au tribunal correctionnel où il est condamné à six mois d'emprisonnement pour vol et port illégal d'uniforme. Il comparaît quelques mois après devant le même tribunal de Toulouse pour vol au préjudice de la Compagnie des chemins de fer du Midi où il est condamné à quatre mois de prison. Evadé de l'infirmerie de l'hôpital de Collioure dans la nuit du 7 au 8 juin 1920, il sera déclaré déserteur le 14 juin 1920. Il sera à nouveau condamné par le tribunal correctionnel de Toulouse le 20 septembre 1920 à quatre mois d'emprisonnement pour vol commis en juillet 1920.

Valentin Pourcillot sera réformé définitivement pour invalidité constatée à 60% (sans pension) par la commission de réforme de Toulouse le 25 octobre 1921 pour ankylose du genou gauche et paludisme. Une deuxième commission de réforme le 28 juin 1925 à Marseille la rendra définitive mais avec quelques modifications : "invalidité inférieure à 10% pour allégation d'accès de paludisme survenant au changement de saison ; état général un peu déficient ankylose du genou gauche reliquat d'une arthrotomie pour arthrite purulente".

Valentin Pourcillot trouvera quand même le temps, entre deux délits et évasions, de se marier. Il épousera le 18 juillet 1922 à Narbonne (Aude) la nommée Georgette Hélène Marguerite Chanoine. Le couple n'aura pas d'enfant.

Le 14 avril 1926, il est condamné par le tribunal correctionnel de Lyon à six mois de prison pour vol. Quelques jours plus tard, ce même tribunal lui inflige 15 jours de prison et 5 frs d'amende pour outrages à agents et insultes. Il est encore jugé coupable le 14 février 1927 et écope de trois mois de prison pour vol, toujours à Lyon. Enfin, le 5 mai 1927 et toujours dans cette ville, le tribunal le sanctionne d'un an et un jour de prison et à la relégation pour recel de vêtements et étoffes (soieries), délit commis le 18 février 2017. Il sera incarcéré à la prison de Riom (Puy-de-Dôme).

La cour d'appel de Lyon confirmera le 16 mai 1927 sa condamnation à la relégation individuelle malgré une infirmité au genou gauche (ankylose). Il était en effet atteint de claudication.

Cette dernière condamnation pour recel, sans-doute celle de trop, conduira Valentin Pourcillot au dépôt forteresse de Saint-Martin-de-Ré où il attendra son départ pour le bagne de la Guyane.

Pendant sa présence en Afrique du Nord, le soldat Valentin Pourcillot fera des dessins sur mouchoirs qu'il signera (Voir ci-dessus - cliquer sur une des photos pour l'agrandir).Pendant sa présence en Afrique du Nord, le soldat Valentin Pourcillot fera des dessins sur mouchoirs qu'il signera (Voir ci-dessus - cliquer sur une des photos pour l'agrandir).Pendant sa présence en Afrique du Nord, le soldat Valentin Pourcillot fera des dessins sur mouchoirs qu'il signera (Voir ci-dessus - cliquer sur une des photos pour l'agrandir).

Pendant sa présence en Afrique du Nord, le soldat Valentin Pourcillot fera des dessins sur mouchoirs qu'il signera (Voir ci-dessus - cliquer sur une des photos pour l'agrandir).

Ses courtes années au bagne de Guyane

Embarqué sur le "Martinière" (navire prison) le 3 avril 1928, il arrivera à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane le 21 avril sous le matricule 14137. Sur sa notice individuelle, il est indiqué "qu'en raison de son infirmité, ne peut être classé qu'à des travaux en atelier et assis autant que possible". A Saint-Laurent, il travaillera un temps comme typographe avant d'être réintégré à Saint-Jean-du-Maroni pour ivresse.

Là encore, Valentin Pourcillot tentera à quelques reprises de s'échapper : - Évadé le 14 décembre 1931, repris le jour même, - Disparu le 30 septembre 1932, il sera repris le 1er octobre et condamné à 8 jours de réclusion le 31 octobre 1932, - Disparu le 3 août 1935, retrouvé le 6 août près d'un radeau, condamné le 19 août 1935 à un mois de réclusion. Il aura malgré cela réussi à obtenir une concession provisoire (n°16) le 14 mars 1935 d'une superficie de 14 ares.

Le 31 mars 1936, Valentin Pourcillot est relevé de la relégation. Il sera jugé et condamné une dernière fois par le tribunal d'instance de Cayenne le 29 décembre 1936 à trois mois de prison et à 25 frs d'amende pour vol.

Il décèdera à Cayenne le 3 septembre 1937 à l'âge de 45 ans.

 

"Saint Laurent du Maroni, Débarquement de Forçats Le Martinière" 

Autres tableaux de V. Pourcillot :

 

"Saint Jean du Maroni, Coopérative des surveillants militaires" 

 

"Saint Laurent du Maroni, Entrée du bagne" 

 

Sources :

Quotidien L'Express du midi ( 18 septembre 1907 / 7 décembre 1908 / 8 janvier 1909 / 11 janvier 1912 / 29 août 1912 / 21 septembre 1920).

L'Écho d'Alger ( 1er mai 1919).

Archives départementales numérisées - Etat-civil (Haute-Garonne, Loire-Atlantique).

Éléments de biographie et photos des tableaux de V. Pourcillot communiqués par François Morand (Galerie Morand à St Eulalie-En-Born, 40).

Arts graphiques - Forum 14-18 Pages.

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commentaires

G
Bonjour, Un bel article, dans celui-ci j'ai découvert trois photos de peintures sur mouchoir nous appartenant.
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R
Bonjour Marie-Odile et Philippe. Très bel article sur cette époque qui parait déjà si lointaine. Aujourd'hui nous vivons dans un autre monde ....est-il meilleur ? Bonne journée à tous les deux. Connaissez vous mon blog ? http://voyagesdunsenior.over-blog.com/ René
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