Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Marie-Odile et Philippe
  • : Ce blog a pour ambition de décrire nos balades à travers la Planète, nos vacances snorkeling, mais aussi et surtout, la vie en Guyane (petites histoires, monuments, faune et flore) ...
  • Contact

Heure de Guyane

 

Recherche

Météo en Guyane

27 mars 2024 3 27 /03 /mars /2024 06:49

La Maison hospitalière des sœurs de St Paul de Chartres, située place des Palmistes, était le premier hôpital privé au début du XXe siècle en Guyane. Datant de l'année 1904, elle ne recevait que des malades payants. Le docteur Arthur Henry (1873 - 1963) qui avait aidé les sœurs à créer cet établissement y exercera comme médecin. Il y avait aussi à l'époque à Cayenne deux autres établissements hospitaliers dans lesquels les sœurs de St Paul officiaient :

- L'hôpital colonial, qui deviendra plus tard l'hôpital Jean Martial en juin 1946, recevait les fonctionnaires, les militaires, les bagnards et les particuliers, mais à leur frais pour ces derniers.

- Quant à l'hôpital-hospice civil du camp St Denis, il accueillait les fonctionnaires municipaux, les indigents, les impotents et les aliénés.

Les sœurs de St Paul de Chartres avaient alors en Guyane la mission principale de soigner les malades. On les retrouvait dans tous les hôpitaux de la Guyane, et notamment dans les hôpitaux du bagne comme celui des Îles du Salut. Une plaque commémorative est d'ailleurs apposée depuis le 3 novembre 1993 dans la chapelle de l'Île Royale (Cf photo à gauche) en souvenir de leur présence aux Îles du Salut entre 1852 et 1904. Elles soignaient alors les bagnards mais aussi les personnels de l'administration pénitentiaire et leur famille.

La congrégation des sœurs de St Paul de Chartres fut fondée en 1696 par l'abbé Louis Chauvet, curé d'un petit village de Beauce nommé Levesville-la-Chenard, situé à trente cinq kilomètres de Chartres. Marie-Anne de Tilly, co-fondatrice de la communauté, prépara ses jeunes compagnes pour leur mission : éduquer les filles des laboureurs, visiter les pauvres et les malades, servir les hospices en petites communautés de deux ou trois sœurs.

Aujourd'hui, si la congrégation a des représentantes un peu partout sur la planète (Europe, Afrique, Asie, Amérique du nord et du sud, Antilles-Guyane ...), la Guyane fut leur première implantation hors de France.

Maison hospitalière des Soeurs de Saint Paul de Chartres au début du XXe siècle à Cayenne

En 1727, le Comte de Maurepas, Secrétaire d'Etat à la marine, demanda à l’évêque de Chartres, après avoir essuyé quelques échecs auprès d'autres congrégations, des religieuses pour prendre soin des malades à l’hôpital de Cayenne en Guyane et instruire les enfants des officiers de cette ville.

Quatre sœurs furent alors choisies parmi le grand nombre de celles qui s’offrirent. Elles arrivèrent à Cayenne le 12 septembre 1727 à bord de la Flûte Dromadaire (Bateau de trois mâts aux voiles carrées de 350 tonneaux construit en Angleterre en 1718), soit six mois après leur départ de Rochefort le 23 avril.

Elles s'appelaient Sœur Marie Méry, supérieure, Sœur Françoise Taranne, toutes les deux natives de Nogent-le-Rotrou, Sœur Madeleine Bilharan, et Sœur Marie Malaivre de Mantes. Les sœurs de Saint Paul de Chartres étaient à l'époque appelées les soeurs grises car elles portaient des habits gris.

Cette demande du Comte de Maurepas faisait suite à la lettre du gouverneur de la Guyane, le Capitaine de frégate Claude d'Orvilliers, fils de l'ancien gouverneur, qui avait sollicité le Secrétaire d'Etat à la marine afin qu'il lui envoie des religieuses pour aider les jésuites à l'hôpital royal qu'il avait fait construire à Cayenne dans les années 1716-1717. Celui-ci se trouvait alors au pied du fort Cépérou, à l'emplacement du bâtiment de l'ancienne douane, aujourd'hui restauré et occupé par la Direction des Affaires Culturelles (DAC) de Guyane.

Depuis 1727, les sœurs de St Paul de Chartres ne quittèrent plus la Guyane même si, au fil des ans, il y eut de nouvelles arrivées, des départs et bien évidemment de nombreux décès. A la révolution de 1789, les sœurs soignèrent aussi les déportés politiques exilés en Guyane. Au moment de l'invasion portugaise en 1809, il ne restait plus qu'une seule sœur de St Paul à Cayenne. Elles ne revinrent en Guyane qu'après le départ des Portugais en 1817.

Les sœurs de Saint Paul de Chartres s'acquittèrent avec zèle de leurs tâches en Guyane s'occupant à la fois de l'hôpital de Cayenne et de l'instruction des enfants. Ce n'est qu'à partir de l'arrivée en Guyane des sœurs de Saint Joseph de Cluny en 1822, que les sœurs de St Paul ne se consacrèrent plus qu'à soigner les malades. L'instruction fut en effet confiée aux soeurs de St Joseph.

A la création de l'hospice civil au camp St Denis à Cayenne en 1836, ce nouvel établissement de soins ne sera confié aux sœurs de St Paul de Chartres qu'en 1838. C'étaient les sœurs de St Joseph de Cluny qui en avaient jusqu'alors la responsabilité.

Maison hospitalière des Soeurs de Saint Paul de Chartres au début du XXe siècle à Cayenne

La Maison hospitalière des sœurs de St Paul de Chartres deviendra bien plus tard une maison de retraite, toujours gérée par les sœurs de St Paul. Cet ancien bâtiment, qui avait déjà subi plusieurs rénovations au cours des années, sera entièrement réhabilité pour un coût total de 3,7 millions d'euros et inauguré le 30 novembre 2007, avec toujours la même fonction de maison de retraite, mais avec un nom d'aujourd'hui : Etablissement d'Hébergement des Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) Saint Paul (Voir la photo ci-dessous).

Cet établissement est géré depuis 1974 par l'Association Guyanaise d'Aides aux Personnes Agées (AGAP) dans le cadre d'un partenariat avec les sœurs de St Paul de Chartres et d'une convention signée en 1976 avec le Département lui confiant la mission d'assurer l'hébergement des personnes âgées valides ou dépendantes en leur dispensant des soins.

Presque trois cents ans après leur installation en Guyane, les sœurs de St Paul de Chartres sont toujours présentes et disposent de plusieurs communautés : communauté des Palmistes (EHPAD St Paul) et communauté Clinique Saint-Paul (hôpital privé) à Cayenne ; communauté de Saint-Georges-de-l’Oyapock (Home indien), communauté de Cacao (Ecole et collège) à Roura. Présentes depuis plus de quarante ans à Maripasoula où elles s'occupaient des collégiens venant des villages isolés, les sœurs ont quitté cette commune fin juillet 2012 suite à la vente du Home qui, propriété du diocèse, a été vendu à la mairie.

Nombreuses sont les sœurs de St Paul de Chartres qui ont marqué la population guyanaise et leur passage sur cette terre française d'Amérique. Certaines ont été officiellement félicité par le ministre de la marine et des colonies pour leur abnégation et leur courage lors des épidémies de fièvre jaune, notamment celle de 1889. Pour n'en citer qu'une, bien que d'autres mériteraient aussi d'être nommées, on peut parler de Mme Jullie Charleux (1835-1900), Soeur Anselme en religion. Arrivée en Guyane en 1858, elle ne devait plus quitter ce pays et fut nommée Supérieure de l'hôpital militaire de Cayenne en 1889. Elle reçut la Croix de Chevalier de la légion d'honneur le 27 juillet 1896 (Décret du ministre des colonies).

L'EHPAD Saint Paul est situé sur l'emplacement de la Maison Hospitalière des soeurs de St Paul de Chartres du début du XXe siècle.

L'EHPAD Saint Paul est situé sur l'emplacement de la Maison Hospitalière des soeurs de St Paul de Chartres du début du XXe siècle.

Sources :

Site Internet de l'ancien Conseil général de Guyane (article du 20/12/2007 : Inauguration de l'EHPAD Saint Paul).

http://diocese.cayenne.free.fr/egliseguya.php/

Les hospitalières françaises en Amérique aux XVIIe et XVIIIe siècles par Marie-Claude Dinet-Lecomte.

La Guyane Française en 1865 : aperçu géographique, historique, législatif, agricole, industriel et commercial, par Léon Rivière, directeur de la Banque de la Guyane française (Imprimerie du Gouvernement Cauenne,1866).

Journal officiel de la Guyane Française (12/1900).

http://www.redris973.fr/HTML/Henry.htm

 

 

Partager cet article

Repost0

commentaires

G
Merci beaucoup pour cet article ! En effet, je viens de recevoir la copie de l'acte de décès de l'aïeul de ma femme dans lequel on apprend qu'il est décédé au 15 de la place de l'Esplanade en 1946, c'est-à-dire dans ce bâtiment devenu maison de retraite ! Si vous avez d'autres photos, je suis preneur parce que je n'en ai pas trouvées d'autres sur le net que les vôtres.<br /> Cordialement
Répondre
P
Je vous remercie pour votre compliment. Malheureusement non, je n'ai pas d'autres photos. Cordialement
Créer un blog gratuit sur overblog.com - Contact - CGU -