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  • : Marie-Odile et Philippe
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16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 07:26

Après avoir déjà rédigé sur ce blog de Marie-Odile et Philippe quelques articles sur des artistes peintres bagnards en Guyane tels que Louis Grilly, Valentin Pourcillot, Casimir Prenefato ou encore Pierre Huguet, je vous présente aujourd'hui un autre peintre de talent qui fut lui aussi condamné à finir ses jours dans la colonie pénitentiaire de Guyane.

Daniel Capbal est né le 4 décembre 1861 à Bordeaux (Gironde) au domicile de ses parents au numéro 1 de la rue Crouzillac. Son père Jean-Pierre était peintre en bâtiment, il s'était marié dans cette même ville de Bordeaux le 28 octobre 1845 avec Adèle Marie Tudal qui  exerçait le métier de lingère. Les parents de Daniel auront au total douze enfants.

Daniel Capbal grandit à Bordeaux jusqu'à son engagement volontaire dans l'armée pour une durée de cinq ans à la mairie de cette même ville le 26 octobre 1880 et rejoint le 24e Régiment d'artillerie à Tarbes. Lorsqu'il s'engage, il déclare être employé de commerce et habiter 28 rue Méry à Bordeaux.

Sa fiche matricule militaire précise qu'il mesure 1m72 , qu'il a les cheveux châtains, le front découvert et fuyant, les yeux marrons, le nez long, le visage ovale et le menton rond. Il y est surtout indiqué que D. Capbal a de très nombreux tatouages sur le corps : une tête de mort ayant une pipe à la bouche, deux tibias en croix, ainsi que les mots écrits "Haine, mort, vengeance", une main tenant un poignard qui lui traverse le téton gauche, une femme assise sur sa poitrine, une ancre sur la main droite, un buste de femme sur le bras gauche.

Paysage de la Guyane signé D. Capbal et daté de 1930 (france-estimations.fr))

Paysage de la Guyane signé D. Capbal et daté de 1930 (france-estimations.fr))

Le 17 juin 1882, il est muté à la 3e Compagnie de fusiliers de discipline à Tiaret en Algérie. Ces compagnies de discipline étaient réservées aux militaires ayant commis des délits, ou étant insoumis, déserteurs ou qui ne respectaient pas le règlement militaire. Ces "disciplinaires" étaient considérés dans un état permanent de punition. Cependant les militaires des compagnies de fusiliers de discipline étaient susceptibles, en raison de leur éventuel bon comportement, de réintégrer leur régiment d'origine.

Le 21 août 1883, D. Capbal est transféré dans cette même 3e Compagnie à la section des pionniers de discipline. Cette section était encore plus dure au niveau discipline que la section des fusiliers. En d'autres termes, il semble que Capbal ait aggravé son cas au niveau comportemental. On y mettait les militaires les plus indisciplinés, presque incurables. Il est du reste condamné le 6 octobre 1884 par le Conseil de guerre permanent de la Division de Constantine à un mois de prison et 50 francs d'amende pour s'être rendu coupable d'un bris de clôture.

Ces compagnies de discipline (fusiliers ou pionniers) étaient appelées "Biribi", terme officieux qui désignait les établissements pénitentiaires en Afrique du nord, destinés aux militaires réfractaires ou indisciplinés de l'armée française.

Il récidive car il est à nouveau condamné le 31 août 1885 toujours par ce Conseil de guerre à un an de prison pour usurpation d'effets militaires de l'hôpital, effets qu'on lui avait remis pour le service. A l'issue de sa peine, il est intégré à la 4e Compagnie de fusiliers de discipline le 24 septembre 1886 pour être finalement mis dans la réserve de l'armée d'active le 25 novembre 1886.

Paysage du fleuve Maroni en Guyane par Daniel Capbal (Muceum / peinture sur tôle)

Paysage du fleuve Maroni en Guyane par Daniel Capbal (Muceum / peinture sur tôle)

Après deux périodes d'exercices militaires d'un mois chacun au 1er Régiment des zouaves en 1888 et 1889, Daniel Capbal qui s'est installé à Alger va multiplier les incivilités et autres délits. Ainsi la dépêche algérienne relate dans son journal du 9 octobre 1891 que D. Capbal sera condamné par la police correctionnelle à  un mois d'emprisonnement pour avoir dévalisé, avec d'autres complices, les baigneurs aux Bains Nelson à Alger, en leur volant dans les poches de leurs vêtements des objets de valeur.

Ce même journal daté d'octobre 1892 relate l'arrestation de Capbal et d'un complice, tous deux repris de justice, inculpés de vol d'un paletot de flanelle ainsi que la somme de 27 francs. Capbal déclare alors être artiste peintre et habiter 1 rue du Diable à Alger.

Mais ce n'est que le 29 juin 1899 que la Cour d'appel d'Alger condamnera Daniel Capbal à deux ans de prison et à la relégation pour usurpation de fonctions et vol. La relégation, réservé aux multirécidivistes, obligeait le condamné à rester vivre, sans espoir de retour, sur la colonie pénitentiaire après avoir purgé sa peine principale de prison.

Cet arrêt de la Cour d'appel faisait suite à un jugement du tribunal correctionnel d'Alger de mai 1899 qui l'avait condamné à cette même peine pour usurpation de fonction et vol. En effet, accompagné de deux complices, Capbal s'était présenté comme inspecteur de police au domicile d'un vieux médecin algérien se livrant à une véritable perquisition. Ils lui avaient dérobé la somme de 50 Francs ainsi qu'une ceinture.  

Haut Maroni en Guyane peint par D. Capbal dans les années 1920 (poggiolo.over-blog.fr)

Haut Maroni en Guyane peint par D. Capbal dans les années 1920 (poggiolo.over-blog.fr)

Embarqué le 31 mai 1901 sur le bateau à vapeur "Calédonie", destiné aux transports des prisonniers vers les bagnes coloniaux, il arrivera à Saint Laurent du Maroni  en Guyane le 11 juin de la même année. Comme bagnard, il portera le numéro de matricule 6628 et purgera ses deux ans de prison. Egalement condamné à la relégation, il restera en Guyane jusqu'à la fin de sa vie.

En mars 1913, il est condamné par le tribunal correctionnel du Maroni à un an de prison pour vol. Par la suite, il sera successivement admis soit à la relégation collective soit à la relégation individuelle en raison de son comportement dans la colonie. Les relégués collectifs étaient internés dans un camp, nourris et logés et astreints au travail. Ils ne percevaient que les 2/3 de leur salaire.

Les relégués individuels disposaient de ressources personnelles et n'étaient astreints qu'à un appel par trimestre. L'administration leur octroyait un petit lopin de terre et une case. Ces relégués individuels étaient autorisés à vendre leur production de légumes. On peut s'imaginer que Daniel Capbal disposait, parfois, de quelques finances notamment lorsqu'il réussissait à vendre ses peintures. L'intéressé, comme les autres peintres bagnards, peignait sur des sacs de toile (sac de farine ou autre), sur de la tôle, mais aussi sur différents objets tels que des calebasses. Comme les autres, Il essayait de vendre, et vendait parfois ses peintures aux gardiens du bagne, aux gendarmes ainsi qu'à des habitants de la Guyane un peu aisés. Cela lui permettait d'améliorer quelque peu son ordinaire.

Daniel Capbal décèdera le 19 juillet 1942 à l'âge de 81 ans.

Calebasses peintes de D. Capbal représentant pour l'une, un paysage du fleuve Maroni et pour l'autre, le Phare de l'enfant perdu au large de Cayenne (Musée Ernest Cognacq sur l'Île de Ré).Calebasses peintes de D. Capbal représentant pour l'une, un paysage du fleuve Maroni et pour l'autre, le Phare de l'enfant perdu au large de Cayenne (Musée Ernest Cognacq sur l'Île de Ré).

Calebasses peintes de D. Capbal représentant pour l'une, un paysage du fleuve Maroni et pour l'autre, le Phare de l'enfant perdu au large de Cayenne (Musée Ernest Cognacq sur l'Île de Ré).

Sources :

Archives départementales de la Gironde (Etat-civil et Registres matricules)

Anom 

La dépêche algérienne d'octobre 1891 et 1892 

Muceum / Musée Ernest Cognacq

 Site Web sur Overblog de Poggiolo, commune de Corse du sud

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25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 06:47

Après avoir déjà rédigé sur ce blog un article sur l'artiste bagnard Louis Grilly, et un autre sur Casimir Prénéfato, c'est à la vie de Valentin Pourcillot, sans-doute l'un des plus doués de ces peintres bagnards avec Francis Lagrange, que nous allons aujourd'hui nous intéresser. Ses tableaux reproduisent, avec précision et réalisme dans des couleurs parfois vives et d'autres plus douces, des scènes de la vie du bagne aussi bien à Saint-Laurent-du-Maroni qu'à Saint-Jean. On ne connaît pas toutes ses œuvres car, comme les autres artistes du bagne, et pour améliorer son ordinaire, il a vendu ses tableaux en Guyane (surveillants, personnels pénitentiaires, civils).

Rappelons que l'histoire du bagne en France commence en 1748 avec la création du premier bagne à Toulon, pour se terminer en 1953 avec le rapatriement des derniers bagnards de Guyane. 

Origine familiale de Valentin Ludovic Pourcillot

Né le 6 septembre 1892 à Toulouse au domicile de ses parents au n° 3 de la rue Thionville,  Valentin Ludovic Pourcillot est le fils de Firmin Joseph, employé, alors âgé de 24 ans lors de sa naissance et de Anna Emilie Adèle Cornet, règleuse, âgée de 20 ans. Firmin, père de Valentin, naît le 5 août 1868 à Toulouse sous le nom de famille de Barat. En effet son père Joseph Pourcillot, sans profession, ne reconnaîtra son fils Firmin que lors de son mariage le 25 janvier 1869 à Toulouse avec sa mère, la demoiselle Isabelle Barat, domestique.

Anna Cornet, mère de Valentin, voit le jour le 26 novembre 1872 à Nantes (alors Loire-Inférieure, aujourd'hui Loire-Atlantique), fille naturelle de Jacqueline Adèle Cornet, célibataire, lingère, âgée de 18 ans. Le couple Firmin Pourcillot et Anna Cornet, parents de Valentin, se mariera le 3 octobre 1891 à Toulouse.

Firmin Joseph Pourcillot, père de Valentin, décèdera prématurément à l'âge de 39 ans le 16 septembre 1907 à Toulouse. Sa veuve Anna Pourcillot née Cornet, mère de Valentin, se remariera huit ans plus tard le 26 août 1915 à Toulon avec Albert Jean Montant. Elle décèdera à Cadillac (Gironde) le 27 juillet 1957.

Ayant grandi dans une famille modeste mais a priori sans histoire, Il semble que la mort de son père ait eu un impact important sur son comportement. Ce n'est en effet que quelques mois plus tard que le jeune Valentin Pourcillot commettra son premier méfait, pour ne plus jamais s'arrêter. 

 

 "Saint-Laurent-du-Maroni, Jour de courrier, 1934". 

De la maison de correction au 3e Bataillon d'Afrique

Le 25 juillet 1908 à Angers, il sera condamné par le tribunal correctionnel à 25 francs d'amende pour contravention à la police des chemins de fer. Quelques mois après, le 4 décembre 1908, il comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour vol d'une montre.  Âgé de 16 ans, sans domicile fixe, Valentin Pourcillot fut effectivement accusé du vol d'une petite montre de dame en or, qui appartenait au patron de la barque le Tarn, en stationnement sur le canal du midi au port fluvial de Saint-Sauveur.

Le patron ne revit plus sa montre le 2 novembre au soir, et ne revit plus non plus le jeune Pourcillot. "En vertu de la loi des phénomènes concomittants" (sic), le tribunal l'a condamné à être enfermé jusqu'à l'âge de 18 ans dans une maison de correction. Lors de l'audience en appel le 6 janvier 1909, la Cour confirmera la sanction mais décidera que l'internement se prolongera jusqu'à ses 20 ans.

Finalement, et sans-doute pour s'en sortir, Valentin Pourcillot s'engagera dans l'armée le 21 avril 1911 à la mairie de Toulon pour une durée de quatre ans. Lors de son engagement, il déclare être musicien et son niveau d'instruction est classé 3, ce qui veut dire qu'il sait lire, écrire et compter. Incorporé au 14e Régiment d'infanterie le 24 avril, il sera plus tard transféré par mesure disciplinaire au 83e Régiment d'infanterie à Saint-Gaudens où il arrivera le 21 septembre 1911. Manquant à l'appel dès le 21 septembre, il est déclaré déserteur le 28 septembre.

"Sur les conseils de sa mère" déclara son avocat lors de son procès militaire, il se présentera volontairement aux autorités à Toulon le 5 novembre 1911 et sera condamné le 10 janvier 1912 par le Conseil de guerre de la 17e Région à 3 mois de prison pour désertion à l'intérieur en temps de paix (Circonstances atténuantes admises). Le 6 février, il sera affecté au 9e Régiment  d'infanterie à Agen. Accusé de vol d'un porte-monnaie appartenant à l'un de ses camarades pendant la baignade le 20 juillet 1912 et d'un bris de clôture en voulant s'évader, il sera condamné par le Conseil de guerre à un an de prison.

Gracié du restant de sa peine le 2 mai 1913, il est affecté en Afrique du Nord au 4e Bataillon d'Afrique à compter du 25 mai comme chasseur de 2ème classe. Quelques mois plus tard, une nouvelle mutation disciplinaire l'expédie le 19 juillet 1913 au 3e Bataillon d'Afrique.

Ces bataillons d'Afrique, composés de soldats ayant de lourds casiers judiciaires, entretenaient à l'époque une discipline de fer dans le but de mater les fortes têtes et de casser les durs à cuire.

 

 "Saint-Jean-du-Maroni, 1934"

Du pénitencier de Douéra (Algérie) au pénitencier de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane)

Loin de le calmer, ce régime endurcira encore davantage le soldat Pourcillot. Il sera une nouvelle fois condamné par le Conseil de guerre dans sa séance du 19 février 1915 à deux ans de prison pour refus d'obéissance. Il sera écroué le 24 mars 1915 au pénitencier militaire de Douéra (petit village à 18 km d'Alger) où il réussira à obtenir une remise de peine de trois mois. Manquant à l'appel le 17 août 1916, il est déclaré déserteur le 20 août et sera ramené au régiment sous escorte de la gendarmerie.

Le 31 août 1918, il s'échappera de l'hôpital de Fort de l'Empereur à Alger et sera déclaré déserteur le 3 septembre 1918. Condamné le 15 octobre 1918, il s'évadera de la prison annexe de la Bouzareah à Alger dans la nuit du 20 octobre, et sera à nouveau déclaré déserteur le 23 octobre 1918. Repris et détenu, il s'échappe dans la nuit du 3 au 4 avril 1919 de l'hôpital Maillot d'Alger où il était en traitement. Il sera interpellé une vingtaine de jours plus tard par les agents de la Sûreté d'Alger. 

On le retrouve à Toulouse le 19 février 1920 au tribunal correctionnel où il est condamné à six mois d'emprisonnement pour vol et port illégal d'uniforme. Il comparaît quelques mois après devant le même tribunal de Toulouse pour vol au préjudice de la Compagnie des chemins de fer du Midi où il est condamné à quatre mois de prison. Evadé de l'infirmerie de l'hôpital de Collioure dans la nuit du 7 au 8 juin 1920, il sera déclaré déserteur le 14 juin 1920. Il sera à nouveau condamné par le tribunal correctionnel de Toulouse le 20 septembre 1920 à quatre mois d'emprisonnement pour vol commis en juillet 1920.

Valentin Pourcillot sera réformé définitivement pour invalidité constatée à 60% (sans pension) par la commission de réforme de Toulouse le 25 octobre 1921 pour ankylose du genou gauche et paludisme. Une deuxième commission de réforme le 28 juin 1925 à Marseille la rendra définitive mais avec quelques modifications : "invalidité inférieure à 10% pour allégation d'accès de paludisme survenant au changement de saison ; état général un peu déficient ankylose du genou gauche reliquat d'une arthrotomie pour arthrite purulente".

Valentin Pourcillot trouvera quand même le temps, entre deux délits et évasions, de se marier. Il épousera le 18 juillet 1922 à Narbonne (Aude) la nommée Georgette Hélène Marguerite Chanoine. Le couple n'aura pas d'enfant.

Le 14 avril 1926, il est condamné par le tribunal correctionnel de Lyon à six mois de prison pour vol. Quelques jours plus tard, ce même tribunal lui inflige 15 jours de prison et 5 frs d'amende pour outrages à agents et insultes. Il est encore jugé coupable le 14 février 1927 et écope de trois mois de prison pour vol, toujours à Lyon. Enfin, le 5 mai 1927 et toujours dans cette ville, le tribunal le sanctionne d'un an et un jour de prison et à la relégation pour recel de vêtements et étoffes (soieries), délit commis le 18 février 2017. Il sera incarcéré à la prison de Riom (Puy-de-Dôme).

La cour d'appel de Lyon confirmera le 16 mai 1927 sa condamnation à la relégation individuelle malgré une infirmité au genou gauche (ankylose). Il était en effet atteint de claudication.

Cette dernière condamnation pour recel, sans-doute celle de trop, conduira Valentin Pourcillot au dépôt forteresse de Saint-Martin-de-Ré où il attendra son départ pour le bagne de la Guyane.

Pendant sa présence en Afrique du Nord, le soldat Valentin Pourcillot fera des dessins sur mouchoirs qu'il signera (Voir ci-dessus - cliquer sur une des photos pour l'agrandir).Pendant sa présence en Afrique du Nord, le soldat Valentin Pourcillot fera des dessins sur mouchoirs qu'il signera (Voir ci-dessus - cliquer sur une des photos pour l'agrandir).Pendant sa présence en Afrique du Nord, le soldat Valentin Pourcillot fera des dessins sur mouchoirs qu'il signera (Voir ci-dessus - cliquer sur une des photos pour l'agrandir).

Pendant sa présence en Afrique du Nord, le soldat Valentin Pourcillot fera des dessins sur mouchoirs qu'il signera (Voir ci-dessus - cliquer sur une des photos pour l'agrandir).

Ses courtes années au bagne de Guyane

Embarqué sur le "Martinière" (navire prison) le 3 avril 1928, il arrivera à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane le 21 avril sous le matricule 14137. Sur sa notice individuelle, il est indiqué "qu'en raison de son infirmité, ne peut être classé qu'à des travaux en atelier et assis autant que possible". A Saint-Laurent, il travaillera un temps comme typographe avant d'être réintégré à Saint-Jean-du-Maroni pour ivresse.

Là encore, Valentin Pourcillot tentera à quelques reprises de s'échapper : - Évadé le 14 décembre 1931, repris le jour même, - Disparu le 30 septembre 1932, il sera repris le 1er octobre et condamné à 8 jours de réclusion le 31 octobre 1932, - Disparu le 3 août 1935, retrouvé le 6 août près d'un radeau, condamné le 19 août 1935 à un mois de réclusion. Il aura malgré cela réussi à obtenir une concession provisoire (n°16) le 14 mars 1935 d'une superficie de 14 ares.

Le 31 mars 1936, Valentin Pourcillot est relevé de la relégation. Il sera jugé et condamné une dernière fois par le tribunal d'instance de Cayenne le 29 décembre 1936 à trois mois de prison et à 25 frs d'amende pour vol.

Il décèdera à Cayenne le 3 septembre 1937 à l'âge de 45 ans.

 

"Saint Laurent du Maroni, Débarquement de Forçats Le Martinière" 

Autres tableaux de V. Pourcillot :

 

"Saint Jean du Maroni, Coopérative des surveillants militaires" 

 

"Saint Laurent du Maroni, Entrée du bagne" 

 

Sources :

Quotidien L'Express du midi ( 18 septembre 1907 / 7 décembre 1908 / 8 janvier 1909 / 11 janvier 1912 / 29 août 1912 / 21 septembre 1920).

L'Écho d'Alger ( 1er mai 1919).

Archives départementales numérisées - Etat-civil (Haute-Garonne, Loire-Atlantique).

Éléments de biographie et photos des tableaux de V. Pourcillot communiqués par François Morand (Galerie Morand à St Eulalie-En-Born, 40).

Arts graphiques - Forum 14-18 Pages.

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16 janvier 2023 1 16 /01 /janvier /2023 12:32

Lorsque l'on évoque les artistes du bagne de Guyane, on pense tout de suite à Francis Lagrange alias FLAG qui a réalisé des fresques, notamment celles de l'intérieur de la chapelle de l'Île Royale (cliquer "ICI") et de nombreux tableaux représentant des scènes de la vie au bagne, ou encore au bagnard Pierre Huguet qui a peint l'intérieur de l'église Saint Joseph d'Iracoubo (cliquer "ICI").

Mais il y en a eu bien d'autres comme Daniel Capbal, ou LK, ou Casimir Prénéfato , ou Valentin Pourcillot, ou encore Louis Grilly. C'est à ce dernier peintre du bagne que nous allons nous intéresser dans ce petit article. A travers leurs peintures, ces bagnards trouvaient ainsi un petit espace de liberté, mais aussi le moyen d'améliorer leur ordinaire en échangeant parfois leurs tableaux avec des représentants de l'administration pénitentiaire (surveillants ...) contre de la nourriture ou d'autres objets utiles à leur survie.

D'autres bagnards utiliseront des supports qu'ils trouvaient dans la nature comme des coquillages, des noix de coco, des planches de bois, des bouts de branche ou encore des calebasses qu'ils graveront, sculpteront ou décoreront. Quant aux artistes-peintres, leur support pouvait être la toile d'un sac de farine ou celle d'une tenue de bagnard, une assiette ou encore de la tôle ...

Louis Joseph Ulysse Grilly est né le 13 février 1899 à Fressenneville (Somme), de Joseph François Marie Grilly, ouvrier serrurier, âgé de vingt six ans, et de Marie Camille Mercier, son épouse, âgée de vingt et un ans, exerçant la profession de serrurière, et demeurant tous deux dans la commune de Fressenneville.

L'on apprendra au cours d'un de ses jugements que Louis était l'ainé d'une fratrie de dix enfants, que son père qui était alcoolique et paresseux, avait complètement négligé l'éducation de ses fils. En effet, Louis Grilly, livré à ses mauvais instincts, commettra dès son plus jeune âge des vols qui le conduiront directement devant la justice pour la première fois le 18 mai 1916.

Eu égard à son jeune âge, le tribunal d'Evreux l'acquittera pour ses premiers délits jugeant qu'il avait agi sans discernement et le confiera à la société de patronage d'Evreux. Cette société de patronage avait en charge l'assistance aux libérés et la défense, le placement, l'aide aux enfants traduits en justice.

Ce tableau de Louis Grilly intitulé "Le bagne de Cayenne en 1936" a été peint sur une toile de sac de farine. Le pénitencier de Cayenne était situé à l'actuel emplacement de l'Institut Pasteur.

Ce tableau de Louis Grilly intitulé "Le bagne de Cayenne en 1936" a été peint sur une toile de sac de farine. Le pénitencier de Cayenne était situé à l'actuel emplacement de l'Institut Pasteur.

Louis Grilly, un délinquant multirécidiviste

Après ce premier jugement en mai 1916, Louis Grilly s'enfoncera de plus en plus dans la délinquance.

Une nouvelle affaire le conduira le lundi 15 octobre 1917 devant la Cour d'Assises du Calvados pour incendie volontaire et vol qualifié. En effet, et alors qu'il était employé comme domestique de ferme au service de la veuve Blin, cultivatrice à Sainte-Foy-de-Montgommery, dont le mari avait été tué au front en 1916, il projeta de lui voler la somme de 3750 francs, et de mettre le feu à la ferme. Grilly sauvera le plus jeune enfant de la veuve Blin, âgé de 18 mois, et coura donner l'alarme dans la commune voisine de Livarot (Calvados). Après avoir dans un premier temps nié les faits, Louis Grilly passera aux aveux complets et sera condamné à cinq ans d'emprisonnement.

ll purgeait sa peine à la maison centrale de Beaulieu à Caen, lorsqu'il fut extrait le 13 août 1918 pour être dirigé sur le camp de travailleurs spéciaux d'Amblainville (Oise) où il arriva le 15 août. Le 31 août, il s'évadait et revenait dans la région où il habitait avant sa condamnation. Sans ressources, il erra dans les campagnes tout en commettant plusieurs autres vols importants. Arrêté par les gendarmes le 12 octobre à Léaupartie (Calvados), il fut écroué le 16 octobre à la maison d'arrêt de Lisieux avant sa comparution devant le juge. Mais il s'échappera du Palais de justice le 8 novembre, faussant compagnie aux gendarmes chargés de le surveiller. Il commettra trois autres cambriolages durant sa courte cavale avant d'être arrêté le 9 novembre par le garde-champêtre du village de Crèvecoeur (aujourd'hui Crèvecoeur-le-grand dans l'Oise).

Louis Grilly, sans domicile fixe, domestique de ferme, sera une nouvelle fois jugé par la Cour d'Assises du Calvados lors de la séance du 9 avril 1919 et condamné à dix ans de réclusion et à la relégation. La relégation, peine supplémentaire du XIXe et du début du XXe siècle, consistait à maintenir interné, dans une colonie, un condamné aux travaux forcés après l'accomplissement de la peine principale.

Il sera également condamné une dernière fois par arrêt contradictoire en date du 23 octobre 1919 de la Cour d'Assises de l'Eure, siégeant à Evreux, à douze années de réclusion et de relégation pour vols qualifiés. C'est ainsi que Louis Grilly prit le chemin du bagne de la Guyane ...

Les bâtiments du bagne de Cayenne, au bord de la mer, vers 1935 par Louis Grilly (Marseille, Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée). Ce titre a probablement été donné par le Musée, mais en réalité il s'agit bien de la Caserne d'infanterie coloniale à Cayenne connue sous le nom de Caserne Loubère.

Les bâtiments du bagne de Cayenne, au bord de la mer, vers 1935 par Louis Grilly (Marseille, Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée). Ce titre a probablement été donné par le Musée, mais en réalité il s'agit bien de la Caserne d'infanterie coloniale à Cayenne connue sous le nom de Caserne Loubère.

Condamné à la réclusion et à la relégation en Guyane, Louis Grilly embarquera le 27 décembre 1921 à bord de la Martinière et arrivera dans la colonie en 1922. La conduite du transporté Grilly a été médiocre dès son arrivée dans la colonie jusqu'en 1926. Il sera désigné Transporté de 1ère classe à partir du 1er avril 1928.

Louis Grilly ne s'est ensuite plus fait remarquer et n'a plus jamais encouru de peine ni de punition disciplinaire jusqu'à sa libération. A noter toutefois qu'il s'était évadé du bagne à quatre reprises et toujours repris. Sa dernière évasion a eu lieu au camp disciplinaire de Charvein dans l'ouest de la Guyane, non loin de Saint-Laurent-du-Maroni.

Le 17 décembre 1929, il fit une demande pour être porte-clefs, c'est-à-dire pour devenir un forçat employé comme auxiliaire de l'administration pénitentiaire. Sa demande sera rejetée au motif que "ce transporté actuellement à l'hôpital est peintre aux travaux". Il terminera sa peine et sera libéré le 16 avril 1936 et restera encore deux ans à Saint-Laurent-du-Maroni avant de partir s'installer à Saint-Jean-du-Maroni. Il sera relevé définitivement de sa condamnation à la relégation en 1946.

Il restera cependant en Guyane jusqu'à sa mort qui surviendra en 1970 à Cayenne.

Le camp des Roches, situé à la pointe des Roches à l'embouchure du fleuve Kourou (1930) par Louis Grilly (huile sur toile). Le pénitencier des Roches, ouvert en 1856, était principalement à vocation agricole.

Le camp des Roches, situé à la pointe des Roches à l'embouchure du fleuve Kourou (1930) par Louis Grilly (huile sur toile). Le pénitencier des Roches, ouvert en 1856, était principalement à vocation agricole.

Quelques autres peintures du peintre bagnard Louis Grilly

cliquer sur une des peintures pour l'agrandircliquer sur une des peintures pour l'agrandircliquer sur une des peintures pour l'agrandir

cliquer sur une des peintures pour l'agrandir

Cette toile ci-dessus représentant un paysage de Guyane se trouve à la Galerie Morand Collection à Saint-Eulalie-en-Born (40200).

Cette toile ci-dessus représentant un paysage de Guyane se trouve à la Galerie Morand Collection à Saint-Eulalie-en-Born (40200).

Ces deux tableaux ci-dessus sont la propriété d'un particulier dont le grand-père était gardien au bagne en Guyane. Ces deux tableaux ci-dessus sont la propriété d'un particulier dont le grand-père était gardien au bagne en Guyane.

Ces deux tableaux ci-dessus sont la propriété d'un particulier dont le grand-père était gardien au bagne en Guyane.

Trois tableaux de L. Grilly au Musée départemental Alexandre Franconie de Cayenne

Ces trois tableaux (1930 ?) ont été achetés par le Musée départemental Alexandre Franconie à Cayenne en 1991.Ces trois tableaux (1930 ?) ont été achetés par le Musée départemental Alexandre Franconie à Cayenne en 1991.Ces trois tableaux (1930 ?) ont été achetés par le Musée départemental Alexandre Franconie à Cayenne en 1991.

Ces trois tableaux (1930 ?) ont été achetés par le Musée départemental Alexandre Franconie à Cayenne en 1991.

Trois tableaux de L. Grilly mis en vente aux enchères à Quimper (29) en mai 2016

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Un tableau de L. Grilly récemment mis en vente sur Ebay (septembre 2017)

Ce tableau de Grilly est intitulé "Guyane, Maroni".

Ce tableau de Grilly est intitulé "Guyane, Maroni".

Trois nouveaux tableaux de Grilly provenant d'une collection privée en Bretagne (rajoutés en Janvier 2023)

Ces tableaux représentent les trois Îles du Salut (Royale, Diable et Saint-Joseph) en GuyaneCes tableaux représentent les trois Îles du Salut (Royale, Diable et Saint-Joseph) en GuyaneCes tableaux représentent les trois Îles du Salut (Royale, Diable et Saint-Joseph) en Guyane

Ces tableaux représentent les trois Îles du Salut (Royale, Diable et Saint-Joseph) en Guyane

Deux nouveaux tableaux de Grilly appartenant à un collectionneur privé (Rajoutés en Novembre 2023)

Gros plan sur le bagnard Louis Grilly, artiste-peintre, et ses tableaux sur la GuyaneGros plan sur le bagnard Louis Grilly, artiste-peintre, et ses tableaux sur la Guyane

Sources :

https://criminocorpus.org/fr/musee/les-artistes-du-bagne/

Normannia.info (L'indicateur de Bayeux : 1916/1917/1919 et Le Lexovien : 1916/1919).

Archives départementales en ligne de la Somme (Etat-civil numérisé).

Musée Balaguier au Fort de la Seyne-sur-Mer (83).

Musée Départemental Alexandre Franconie à Cayenne (973).

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13 février 2017 1 13 /02 /février /2017 14:38

Après avoir rédigé précédemment un petit article sur Louis Grilly, un bagnard devenu artiste durant sa détention au bagne de Guyane, nous allons aujourd'hui nous intéresser à Casimir Prenefato, lui-aussi devenu artiste alors qu'il purgeait sa peine également en Guyane. Rappelons que pendant l'époque des bagnes coloniaux, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie, certains bagnards amélioraient leur ordinaire en peignant des toiles ou en réalisant des dessins, aquarelles, en sculptant des objets en bois, en os, en coquillage ou même de simples noix de coco ... qu'ils vendaient ensuite, souvent à des personnels de l'administration pénitentiaire.

Si certains sont devenus très connus comme Francis Lagrange alias Flag qui a peint l'intérieur de la chapelle de l'Île Royale en Guyane et réalisé de nombreux tableaux représentant des scènes de la vie au bagne, ou Pierre Huguet qui a entièrement décoré l'intérieur de l'église Saint-Joseph à Iracoubo (Guyane), d'autres bagnards ont aussi réalisé de belles toiles qui, aujourd'hui, sont recherchées sur le marché de l'art par les collectionneurs. Outre Louis Grilly, déjà mentionné, citons Valentin Pourcillot, Daniel Capbal, LK, Vanhove ...

Casimir Prenefato est né le 17 février 1888 dans la province d'Aragon en Espagne. Il se fait rapidement connaître des services judiciaires à la suite de nombreux délits qu'il commet en Midi-Pyrénées. Il passera à plusieurs reprises devant les juges du tribunal correctionnel mais aussi devant ceux de la Cour d'assises jusqu'à sa condamnation aux travaux forcés aboutissant à son départ pour le bagne de la Guyane.

Bagne : Une case : vie intime du forçat (Musée des beaux-arts de Chartres - 28000).

Bagne : Une case : vie intime du forçat (Musée des beaux-arts de Chartres - 28000).

Le 29 avril 1915, Casimir Prénéfato, sans profession ni domicile fixe, comparaît devant la Cour d'assises du Gers pour vol qualifié. Il sera condamné à cinq ans de travaux forcés. Il est jugé une nouvelle fois le 23 juillet 1915 mais cette fois, devant le tribunal correctionnel de Lectoure (Gers) pour tentative d'évasion avec un de ses complices, le nommé Trinchon.

Casimir Prénéfato étant l'inspirateur et principal auteur de la tentative d'évasion, il sera condamné à un an de prison ferme, alors que son complice ne prendra qu'un mois. Cette dernière condamnation de Prénéfato viendra s'ajouter aux cinq ans de travaux forcés pour lesquels il avait été précédemment condamné.

Les deux compères seront transférés début juillet 1915 à la prison de la rue Montaigne à Agen, Prénéfato ayant fait appel de son jugement du tribunal de Lectoure suite à sa condamnation à un an de prison ferme pour tentative d'évasion. Dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 juillet, ils tenteront une nouvelle fois de s'évader de la prison d'Agen mais seront interpellés par le surveillant-chef qui faisait sa ronde de nuit.

Après de nombreux autres délits et péripéties, Il sera finalement condamné en 1922 par la cour d'assises de l'Ariège aux travaux forcés. Sa fiche conservée aux Archives nationales d'Outre-Mer précise que Casimir Prénéfato "vivait du vol, intelligent mais d'un cynisme et d'une audace inouïe. Spécialiste du vol qualifié. A plusieurs évasions à son actif."

 

Evasion de forçats (Musée Alexandre Franconie à Cayenne - 97300).

Evasion de forçats (Musée Alexandre Franconie à Cayenne - 97300).

Casimir Prenefato réalise ses "œuvres" au début des années 1940. Au bagne, il est officiellement "peintre aux travaux publics". Il sera même mentionné dans un arrêté du 20 janvier 1945 portant révision au titre de l'année 1945 de la liste des condamnés aux travaux forcés classés "Ouvriers d'art" et "Bons ouvriers", dans la liste des bons ouvriers alors qu'il est peintre à Cayenne.

Quelques mois plus tard, un nouvel arrêté du 20 octobre 1945 portant révision pour le 3e trimestre 1945 du classement des condamnés aux travaux forcés classés "Ouvriers d'art" et "Bons ouvriers", précise que Casimir Prenefato, bon ouvrier, est libéré.

L'intéressé portait des tatouages notamment d'un oiseau de mer, nid, oiseau en vol et sur le poignet gauche le mot "Amor". Casimir Prenefato décèdera le 5 octobre 1946 à Cayenne d'une hémorragie interne et d'un pneumothorax, soit à peine un an après sa libération. Il semblerait qu'il ait été violemment percuté par la roue d'une voiture qui s'était accidentellement détachée ...

Les Îles du Salut (Galerie Morand Collection à Sainte-Eulalie-en-Born - 40200)

Les Îles du Salut (Galerie Morand Collection à Sainte-Eulalie-en-Born - 40200)

Evasion au clair de lune à Sinnamary (MuCEM de Marseille - 13000)

Evasion au clair de lune à Sinnamary (MuCEM de Marseille - 13000)

Autres tableaux de Prenefato au Musée Balaguier de La Seyne-Sur-Mer :


Le musée Balaguier est situé à l'intérieur du fort, ouvrage militaire construit en 1636 dans le but de protéger la rade de Toulon.  Il relate l’histoire des bagnes de Toulon et d’Outre-Mer mais il accueille aussi des expositions relatives à la Marine méditerranéenne et à l'histoire de la ville.

Une exposition intitulé "Les artistes du bagne. Chefs-d’œuvre de la débrouille 1748-1953" a été présentée dans ce musée du 27 mars 210 au 18 septembre 2011 avec une vue d'ensemble riche et variée de la production artistique issue des bagnes français (Toulon, Nouvelle-Calédonie et Guyane française). Criminocorpus présente virtuellement sur son site une grande partie de l'exposition du musée Balaguier sur les artistes du bagne.

 

 

 

L'île Royale avec l'île du Diable au fond, reliée par un câble permettant l'approvisionnement des bagnards (Musée Balaguier à La Seyne-sur-Mer - 83500)

L'île Royale avec l'île du Diable au fond, reliée par un câble permettant l'approvisionnement des bagnards (Musée Balaguier à La Seyne-sur-Mer - 83500)

Île Royale : Le camp de la transportation et l'hôpital (Musée Balaguier à la Seyne-sur-Mer - 83500)

Île Royale : Le camp de la transportation et l'hôpital (Musée Balaguier à la Seyne-sur-Mer - 83500)

Sources :

Journal officiel de la Guyane française (1945).

L'express du Midi (1915).

Site internet Criminocorpus.org.

Musée Balaguier à La Seyne-Sur-Mer.

Archives Nationales d'Outre-Mer.

 

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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 07:20

Iracoubo est un village d'environ 2000 habitants situé à une centaine de kilomètres de Cayenne, et à 92 km de Saint Laurent du Maroni. La ville la plus proche est Sinnamary qui est à 29 km.

Iracoubo a été bâti le long du fleuve du même nom sur l'Habitation Le Souvenir, propriété de Mme veuve Jacquet (Une habitation à l'époque était une exploitation agricole esclavagiste. Dans les archives, on retrouve la présence de 22 esclaves sur cette Habitation). En 1848, l'administration achète la propriété à Mme veuve Jacquet pour y construire une paroisse.

Simple hangar à coton à l'origine prêté par la veuve Jacquet pour y célébrer les offices religieux, la première église était dédiée à Sainte Rose de Lima. A son arrivée en 1886 à Iracoubo, le Père Raffray trouve ce local trop chaud, mal ventilé et mal équipé. Il décide de construire une nouvelle église, celle que l'on visite aujourd'hui.

En effet, lorsque l'on traverse ce village, il ne faut surtout pas rater l'église Saint Joseph qui se trouve en bordure de la RN1 en direction de Saint Laurent du Maroni. Classée monument historique par arrêté du 8 juin 1978 notamment en raison de ses fresques murales intérieures de la fin du XIXe siècle, cette petite église qui appartient à la commune d'Iracoubo, a une histoire bien singulière.

Eglise Saint Joseph d’Iracoubo (Guyane)

Les Travaux de construction de l'église commenceront en 1887 pour se terminer en 1893, soit une durée de 6 ans. Les fonds alloués par le clergé et le gouvernement, environ 12100 francs, se révèleront rapidement insuffisants. Il fallut donc la mobilisation des habitants qui participèrent en offrant des dons divers comme de l'argent, des matériaux ou même de la main d'œuvre. Le Père Raffray lui-même offrit 5000 francs.

Une fois l'église construite, le Père Raffray prend en assignation un bagnard nommé Pierre Huguet, affecté au camp d'Iracoubo, qui va recouvrir par des fresques naïves les 600 m2 de surface intérieure. Outre le chœur, Pierre Huguet va s'attacher à peindre aussi le plafond, les piliers, la nef, et les chevets. Son style est simple, naïf, minutieux et coloré.

Le plan de l'église avait été réalisé par le service des Ponts et chaussées. Les structures porteuses sont en bois de Guyane et les murs constitués de remplissage en briques. A l'origine, la toiture était en bardeaux alors qu'elle est aujourd'hui recouvertes de tôles.

Le 6 janvier 1893, l'église est officiellement bénie par Mgr Louis Pignol, préfet apostolique de Guyane. Cependant, dès le 15 février 1890, on y baptisa deux Amérindiens. L'église s'agrandit et s'embellit entre 1891 et 1894 grâce aux dons des paroissiens et des aides du gouvernement.

L'église a été restaurée entre Septembre et Décembre 2008 avec les subsides du Conseil général de la Guyane, et notamment : la charpente et l'ossature de l'élévation Sud et de l'auvent ; des reprises ponctuelles des maçonneries en briques pleines enduites badigeonnées ; couverture en tôle galvanisée ; reprise du bardage du clocher et des pignons des bas-côtés ; reprise en recherche des jalousies ; réfection des six persiennes ; peinture.

Photos de l'église Saint Joseph, vues de l'extérieur :

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Photos de l'église Saint Joseph, vues de l'intérieur :

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Père Prosper Raffray :

Le Père Prosper, Pierre, François Raffray est né le 25/09/1859 à La Landec dans les Côtes du Nord (Aujourd'hui département des Côtes d'Armor - 22) de Fançois Raffray, laboureur, et de Perrine Robert, ménagère.

Ordonné prêtre, l'Abbé Raffray a été affecté en Guyane où il a d'abord été nommé à Montsinéry durant quelques mois comme desservant avant d'être affecté à la paroisse d'Iracoubo le 1er avril 1886.

L'intéressé a élevé dans ce village une maison curiale (presbytère) et une église paroissiale. Il est aussi connu pour avoir obtenu de très bons résultats dans la colonisation agricole.

Le gouverneur de la Guyane de l'époque, Julien Georges Lamy, lui remettra les insignes de Chevalier de la légion d'honneur lors d'une cérémonie officielle le 31 janvier 1934.

Le Père Raffray a marqué la commune d'Iracoubo où il sera resté 50 ans. La population lui vouera un véritable culte et, à son décès à Cayenne le 13 février 1936, son corps sera rapatrié à Iracoubo à la demande des habitants. Il sera enterré dans le petit cimetière près de son église.

Le bagnard Pierre Huguet :

Pierre Huguet est né le 10 juin 1850 à Clermont-Ferrand où il exerçait le métier de peintre en bâtiment. Il fut condamné aux travaux forcés, et à la relégation, le 20 mars 1889 par la Cour d'assises de la Seine pour vol qualifié. Son pourvoi ayant été rejeté le 2 mai 1889, d'autant plus qu'il avait déjà commis auparavant quelques infractions comme un abus de confiance, un faux en écriture, et une escroquerie à Saumur ...

Le matricule 23.492 faisait partie des sujets à surveiller de près lorsqu'il était aux Iles du Salut, malgré sa petite taille (1m62), ses cheveux châtains et son front dégarni et un gros "nez" selon sa fiche signalétique.

L'intéressé a tenté à de nombreuses reprises de s'évader entre 1891 et 1900 mais fut repris autant de fois. il semble que la dernière fois en 1900 fut la bonne car on n'entendit plus parler de lui. Des rumeurs ont alors circulé indiquant qu'il avait réussi à gagner le Venezuela, alors que d'autres ont affirmé qu'il avait été dévoré par les requins ... L'administration pénitentiaire l'a officiellement considéré comme évadé le 4 août 1900.

Le Père Raffray le prit en assignation en lui offrant le gîte et le couvert au presbytère en échange de ses coups de pinceau durant les six années que durèrent les travaux de peinture. Sorte de revanche sur le destin, des milliers de visiteurs s'arrêtent chaque année dans cette petite église d'Iracoubo contempler l'œuvre de l'artiste- bagnard !

Ce n'est qu'en 1977 que Pierre Huguet est sorti de l'anonymat. Jusqu'à cette date, la décoration de l'église n'était que l'œuvre d'un bagnard inconnu. C'est Jean-Michel Moreau, architecte des bâtiments de France qui, et après des recherches approfondies, attribuera ce travail au bagnard Huguet.

Eglise Saint Joseph d’Iracoubo (Guyane)

Sources :

Ministère de la culture - Base Mérimée

www.guyane-Guide.com (L'église d'Iracoubo)

www.infomagazine.com (L'église peinte par le bagnard clermontois)

www.iracoubo.fr (Eglise Saint Joseph I Mairie d'Iracoubo)

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