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Ce blog a pour ambition de décrire nos balades à travers la Planète, nos vacances snorkeling, mais aussi et surtout, la vie en Guyane (petites histoires, monuments, faune et flore) ...

L'arbre bois de rose en Guyane (Aniba rosaeodora)

Dans mon précédent article sur les bois précieux de Guyane sur ce blog, je précisais que je consacrerai un autre article dédié au bois de rose, tellement il y a des choses à dire sur l'exploitation historique de ce bois exotique.

Le bois de rose est un arbre de la famille des Lauracées, présent principalement dans les trois Guyane et plus généralement en Amazonie. En Guyane, sous ce nom générique de Bois de rose, on désigne principalement deux espèces, le mâle (Aniba parviflora) et la femelle (Aniba rosaeodora).

Le bois de rose mâle est un bois dur, compact et principalement employé en ébénisterie. Le bois de rose femelle (Aniba rosaeodora - Ducke, 1930) a une utilisation variée notamment en ébénisterie, en pharmacie mais aussi et surtout pour la production d'huile essentielle qui entre dans la composition de parfums mondialement connus.

Les anglo-saxons appellent ce bois de rose "brazilian rosewood" et "rosewoodtree" et les brésiliens "Pau-rosa". Son nom "bois de rose" vient de l'odeur rafraîchissante, douce et agréable qu'il dégage. C'est un arbre des forêts primaires qui peut atteindre 30 m de hauteur et 50 cm de diamètre.

L'huile essentielle est obtenue par distillation des copeaux de bois de rose à la vapeur d'eau. Le rendement est d'environ 5 % soit 5 kg d'huile pour 100 kg de copeaux.

L'arbre bois de rose en Guyane (Aniba rosaeodora)

Pour être complet sur la répartition géographique de Aniba rosaeodora, il faut préciser qu'outre les trois "Guyane" (Guyana, Surinam et Guyane française), on le trouve aussi au Venezuela, en Colombie, Equateur, au Pérou et bien sûr au Brésil (Amapa, Amazonas et Parà).

De nombreuses autres espèces à travers le monde ont aussi ce même nom de bois de rose. C'est notamment le cas au Brésil, en Inde, à Madagascar, en Asie, en Afrique ou en Océanie. Ce sont pour la plupart des Palissandres ou d'autres espèces du genre Dalgerbia comme Dalgerbia maritima ou encore Dalgerbia sissoo. D'autres espèces du genre Pterocarpus de la famille des Fabacées sont aussi appelés à tort "bois de rose" comme par exemple les deux arbres Pterocarpus angolensis ou Pterocarpus indicus ...

L'arbre bois de rose en Guyane (Aniba rosaeodora)

Rapide historique de l'exploitation guyanaise du bois de rose :

Le premier exploitant du bois de rose en Guyane serait un nommé Alexandre Samain, ingénieur civil, qui aurait réussi vers 1875 à extraire l'huile essentielle. Il devient par la suite en 1881 propriétaire d'une distillerie à Cayenne. L'intérêt pour ce produit vient sans-doute de l'essor européen de l'industrie de la parfumerie et de la savonnerie.

Entre 1884 et 1913, les débuts sont hésitants jusqu'au décollage à partir de 1913 jusqu'en 1929, notamment grâce à l'appui déterminant de Jean Galmot (1879-1928) qui va redonner un coup d'accélérateur suite à son retour en Guyane en 1913, en favorisant l'exploitation de l'huile essentielle de bois de rose pour le compte des Etablissements Antoine Chiris pour lesquels il était fondé de pouvoir et associé.

Entre 1913 et 1926, la Guyane s'empare de cette exploitation et notamment dans le bassin de l'Oyapock et de l'Approuague. Les exportations sont alors passées de 14 tonnes par an en 1919 à environ 107 tonnes en 1926.

Entre 1929 et 1975, c'est le déclin progressif de cette activité florissante en raison de débouchés restreints mais aussi de la concurrence du Brésil qui fait chuter les prix et donc la production de Guyane s'effondre et de l'arrivée de nouveaux produits de synthèse comme le linalol. Le prix à l'exportation de l'essence du bois de rose passe de 150 F/kg en 1924 à 33F/kg en 1931. La fluctuation des prix a joué un rôle dans la disparition de cette industrie qui est devenue une activité économique précaire. De nombreux petits entrepreneurs ont alors fait faillite.

A l'époque, les coins les plus exploités en Guyane ont été la région d'Approuague-Kaw jusqu'à une période récente et aussi celle de Montsinéry et Roura. Au début du siècle, les distilleries étaient principalement localisées à Cayenne. Régina demeura en ce temps là la capitale du bois de rose.

Enfin et surtout, l'exploitation intensive du bois de rose pour son huile essentielle a fini par épuiser gravement la ressource par abattage des arbres. Albina rosaeodora est devenu très rare en Guyane et menacé d'extinction.

Le 9 avril 2001, un arrêté ministériel interdit l'exploitation de nombreuses espèces végétales menacées en région Guyane dont le bois de rose. En 2010, à la demande du Brésil, l'espèce Aniba rosaeodora est inscrite sur l'annexe II de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction). L'annexe II comprend une liste des espèces qui, bien que n'étant pas nécessairement menacées d'extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé. Des mesures internationales de protection du bois de rose avaient déjà été prises par la FAO en 1986, et par l'UICN en 1997 qui l'avait déjà déclaré "espèce en danger".

L'arbre bois de rose en Guyane (Aniba rosaeodora)

Bien que l'exploitation de cette espèce semble bien contrôlée au Brésil, c'est encore le seul pays producteur d'huile essentielle de bois de rose dans le monde. La diminution de la production brésilienne a fait monter les prix.

Aujourd'hui certains producteurs guyanais continuent à s'approvisionner en huile essentielle de bois de rose auprès de ceux qui disposent de plantations antérieures à l'arrêté ministériel de 2001 ou auprès d'abatteurs illégaux d'arbres Aniba rosaeodora, mais cela reste un volume très confidentiel.

Un projet initié en 2010 par le CIRAD Guyane "Anib@rosa", et financé par le FEDER (Union européenne) a pour objectif de fournir les bases pour la mise en place d’une filière durable de production d’huile essentielle de bois de rose en Guyane en levant des verrous réglementaires et techniques. Pour ce faire, des parcelles pilotes ont d'abord été mises en place avec des outils de suivi et de traçabilité avant de procéder à des replantations importantes.

Les bénéficiaires seront les producteurs agricoles, les distillateurs, les utilisateurs d'huile essentielle mais en fait, c'est la Guyane toute entière qui profitera du nouveau dynamisme autour de ce produit et de ses retombées économiques.

L'arbre bois de rose en Guyane (Aniba rosaeodora)L'arbre bois de rose en Guyane (Aniba rosaeodora)

Sources :

Parc naturel régional de la Guyane : Brochure sur l'Exposition itinérante sur le bois de rose

Site du CIRAD : http://anibarosa.cirad.fr/le-projet/le-contexte

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